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Etudiante en Information-Communication à l'Université Paris VIII

jeudi 7 juin 2012

"Sur la route" : film à trois facettes

Des scènes de clopes, de baise et quelque peu de "route", voilà à quoi doit s'en tenir grossièrement, l'adaptation inadaptée d'un roman bien plus fournit en terme, ne serait-ce que, de péripéties, de rebondissements, de contenu. Cependant, pour un film qui dure 2h20, on a l'impression qu'il n'en dure que 20 minutes. Cela montre donc que l'on s'ennuie pas.

Trois âmes plus perdues que vagabondes qui sont celles de ceux dont Jack Kerouac, alias Neal Cassidy (ou plus familièrement, Sal Paradise) fait l' "éloge" ou plutôt une apologie faussement utopique, âmes à travers lesquelles on repère des failles, des déviances, des sourires moqueurs sinon des sourires qui cachent une peur, une peine de coeur. Dean Moriarty, cet éternel coureur de jupon, au sourire enfumé mais ultra bright accompagné de la jeune, dépravée mais belle, Marylou, une Kristen Stewart qui, je crois, a trouvé, jusqu'à nouvel ordre, son genre de rôle qui vaut cent fois celui de Bella Swan ou de Blanche Neige. C'est enfin lui même, Neal Cassidy (incarné par Sam Riley), que l'on voit le plus. Etant narrateur, c'est aussi lui qui gère l'histoire, la raconte, la manipule, lui donne un sens. On voit davantage le film à travers le regard d'un Neal ou d'un Jack que d'un Walter Salles, réalisateur du film.

Ce sont aussi trois corps qui se rencontrent, se chevauchent, s'aimantent, s'aiment et finalement qui se séparent souvent pour un long moment à tel point qu'on ne revoit plus certains, qu'on ne sait pas ce qu'ils deviennent ni quand ils reviendront. Nous étions déjà attaché à eux et c'est déjà la fin. On n'a finalement que le pouvoir de les imaginer, heureux, loins mais heureux. S'ils sont si attachants c'est surtout parce qu'ils détiennent une réelle identité, personnelle et différente de chacune des autres identités du film, que Jack Kerouac avait déjà, à l'époque, réussit à déceler subtilement.
Trois êtres, pas si complices que cela, mais assez compliqués, complexes dans la façon qu'ils ont de s'émanciper, de tout quitter pour un point, une autre personne, un destin qu'ils décident nonchalamment de choisir, les cheveux au vent, les mains dans les poches arrières d'un jean délavé. La tête en l'air. Le passé, derrière.