Roll On The Script

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Etudiante en Information-Communication à l'Université Paris VIII

lundi 19 novembre 2012

"Après Mai" : après beaucoup de choses

Gilles (Clément Métayer), un lycéen un peu artiste qui fera de sa vie une peinture. Christine (Lola Creton), une jeune fille, perdue dans des allocutions politisées. Des personnages entourés, soutenus, dans leurs aspirations. Un monde de jeunes fermés aux parents. Une fête sous les bombes. Un amour incompris et qu’on laisse filer. Réflexion, mélancolie, ambition ? Une belle histoire au fond.

Des dialogues monocordes, sans vie profonde, s’émanaient du script comme crachées par des bouches trop jeunes, inexpérimentées, juste contentes d’être vues pour la première fois au grand écran et d’en ramasser quelques dollars. Seules les voix de Gilles et Christine, et encore heureux vu qu’ils sont les deux personnages principaux, pouvaient le faire. Les répliques, toutes prédécoupées et prêtes à l’emploi ne pouvaient être en aucun cas de simples phrases génies sorties tout droit de l’une des cervelles des comédiens. Aucune impro n’a pu être détectée, ce qui est regrettable pour une époque où l’on doit être spontané, créatif ou ambitieux, je crois.
 

La courbure d’un sein trop petit, des vergetures sur un autre plus gros, des poils trop abondants sur une jambe masculine, des teints sans fard, cette dimension esthétique naturelle, oui, je l’ai appréciée. Voilà, ce film fait part de beaucoup de sensibilité esthétique, la vue se fait le plaisir d’être le sens le plus sollicité chez le spectateur. Alors quand il s’agit d’exposer le jeu des acteurs, tous pourtant très différents, très beaux dans leurs différences et leurs aspirations, c’est très difficile de donner à l’ouïe ce dont elle pourrait avoir besoin pour être comblée.

Sur fond de sons rock psychédéliques et de cris "révolutionnaires", des adolescents se prélassent et luttent en fumant de l’herbe dans un peu plus d’herbe calés autour d’une guitare qui balance toujours autant de musique folk, pop et j’en passe. De l’amour, des bisous dans le cou, des regards, des départs. La mort, et puis demain ? Pensons autrement, arrêtons. Il y a déjà eu Péril Jeune du grand Klapisch, plus drôle et plus détaché, et surtout plus émouvant, avec des acteurs qui, grâce à ce dernier, sont devenus célèbres. On verra bien pour ces acteurs-ci.

Ce film, va, en définitive, apprendre aux collégiens nostalgiques et en soif de découvertes en tout genre comment s’est passé l’époque. "Ah, oui c’était bien, ça c’était ça la vraie époque. Regarde, ils luttaient pour quelque chose ! Pff, j’aurais tellement aimé vivre à cette époque, en plus la vie était peu chère."

Un film assez beau à regarder mais sans la voix des acteurs si possible, juste sur fond de musique qui flotte comme il faut. Film destiné aux ados de moins de 16 ans. Plus, s’abstenir. Sinon, si vous êtes des vieux de l’époque et que vous souhaitez amener votre fille, vous aurez l’occasion de comparer votre vie avec celle qu’ils veulent nous faire montrer. Et puis, Mr Assayas ? Pourquoi, un énième film sur les années 1970 et cette « révolution culturelle » ? N'y en a t-il pas eu déjà assez? Voilà, c’est tout.